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Stéréotypes de genre

Les stéréotypes sont des associations d’idées qui nous permettent de simplifier la réalité en catégorisant les individus selon des traits supposés communs. Ces stéréotypes peuvent être positifs comme négatifs. Les groupes les plus vulnérables sont souvent associés à des caractéristiques jugées négatives ou non valorisées, tant sur le plan social que professionnel. Bien qu’ils soient parfois perçus comme anodins, ils influencent profondément nos perceptions et nos décisions, souvent de manière inconsciente. Les biais cognitifs jouent un rôle clé dans leur maintien : notre cerveau, en quête de rapidité et d’efficacité, favorise les informations qui confirment nos croyances préexistantes et minimise celles qui les contredisent.

Les stéréotypes de genre façonnent profondément le monde du travail, influençant les parcours professionnels et renforçant des inégalités persistantes. De l’orientation scolaire à l’accès aux postes à responsabilité, ces biais contribuent à une ségrégation des métiers et à une répartition genrée des rôles. Ils affectent les choix individuels, l’évaluation des compétences, mais aussi les décisions d’embauche, de promotion et de rémunération, limitant ainsi le potentiel et l’évolution des talents. Déconstruire ces stéréotypes est essentiel pour bâtir un environnement de travail plus équitable et inclusif, où chacun·e peut évoluer selon ses compétences et aspirations, indépendamment du genre.

Pour créer un environnement plus équitable, il est essentiel de reconnaître ces mécanismes et de mettre en place des stratégies visant à les déconstruire. La bonne nouvelle, comme le montre le projet Implicit de l’université de Harvard, est que les stéréotypes, bien qu’automatiques, ne sont pas figés : ils peuvent évoluer. Les contourner nécessite un effort conscient et volontaire, en réponse à un processus inconscient alimenté par des croyances omniprésentes. Prendre conscience de ses propres biais et travailler à les déconstruire permet d’amorcer un changement durable, renforcé par une vigilance dans notre langage, nos actions et nos comportements.

Les ressources humaines et les managers jouent un rôle clé dans la réduction des stéréotypes de genre en entreprise. Pour garantir des processus de recrutement et de promotion équitables, il est essentiel de les sensibiliser aux biais inconscients et aux stéréotypes à travers des formations dédiées. Ces sessions permettent d’identifier les automatismes qui influencent la perception des compétences et des candidatures, souvent au détriment des femmes et des minorités. Le privilège lié à certaines positions passe souvent inaperçu pour celles et ceux qui en bénéficient, rendant indispensable une prise de conscience pour éviter la reproduction des biais.

Des outils concrets permettent de mieux comprendre des freins et obstacles structurels qui persistent, et ainsi d’éviter de les reproduire. Parmi ces approches, on peut citer des ateliers de déconstruction des stéréotypes, des mises en situation interactives, ou encore l’écoute active des personnes concernées — que ce soit à travers des échanges directs ou via des témoignages. Le podcast « À quel prix? » proposé par l’Institut présente des témoignages en ce sens.  

En parallèle, intégrer des critères objectifs et transparents dans l’évaluation des talents réduit les biais systémiques et assure à chaque employé·e des opportunités égales de progression.

Au-delà des processus RH, sensibiliser l’ensemble des équipes à l’inclusion est essentiel pour instaurer une culture de travail respectueuse et équitable. Des formations sur les discriminations de genre, le respect des différences et l’impact des stéréotypes permettent d’encourager des comportements inclusifs au quotidien.

Ces sessions peuvent prendre diverses formes, adaptées aux ressources et à la taille de votre entreprise : modules numériques, ateliers interactifs, jeux ou théâtre participatif. Ces formats ludiques et immersifs rendent la sensibilisation plus engageante et efficace, tout en s’ajustant aux besoins et contraintes de chaque structure.

Les exigences vestimentaires en entreprise sont souvent influencées par des normes implicites qui renforcent des biais de genre. Tandis que les hommes doivent encore parfois se conformer au costume-cravate, les femmes subissent une charge esthétique pesante, où l’apparence devient un critère informel d’évaluation. Des études montrent que les femmes maquillées sont perçues comme plus professionnelles, compétentes et fiables, tandis que celles qui gardent leurs cheveux blancs sont jugées moins qualifiées1.

Pour garantir une approche plus équitable et neutre, il est essentiel d’expliciter les codes vestimentaires de manière objective, en évitant les injonctions implicites liées à l’apparence et basées sur le genre. Une tenue correcte et professionnelle ne devrait pas impliquer le port de talons ou de maquillage pour les femmes, ces éléments n’ayant aucun impact sur leurs compétences.

Les attentes vestimentaires en entreprise ne se limitent pas aux normes implicites de genre, elles peuvent aussi renforcer des discriminations raciales ou liées à la confession religieuse. Le port du foulard, par exemple, est souvent associé à des stéréotypes négatifs qui nuisent à l’accès à l’emploi et exposent les femmes concernées à des discriminations à l’embauche et à du harcèlement entre collègues. L’exclusion ou la stigmatisation des femmes portant le voile entrave leur intégration professionnelle et leur évolution de carrière. Une approche inclusive consiste à identifier et déconstruire ces biais, tout en veillant à ce que les politiques internes soient conçues, appliquées et alignées avec les cadres légaux en vigueur, afin d’assurer une application cohérente et respectueuse des principes d’inclusion et de non-discrimination.


1. Guide de déconstruction du sexisme au travail, P185, référence à l'étude de Nancy L., Etcoff, Shannon Stock, Lauren E. Haley, Sarah A. Vickery et David M. House (2011) Cosmetics as a Feature of the Extended Human Phenotype: Modulation of the Perception of Biologically Important Facial Signals.

Dès l’enfance, les garçons sont encouragés à occuper l’espace physique et sonore, tandis que les filles sont encouragées à se faire discrètes. Cette socialisation différenciée se prolonge à l’âge adulte, notamment dans le monde professionnel. L’un des exemples les plus frappants en est la prise de parole : les hommes interrompent leurs collègues féminines 23% plus souvent qu’ils ne le font avec d’autres hommes, limitant leur capacité à développer leurs idées et à être entendues. En outre, ces derniers monopoliseraient 75% du temps de parole en réunion et répondraient de façon plus laconique avec des interlocutrices1.

Or, la parole n’est pas neutre : celui ou celle qui s’exprime guide les échanges, façonne les débats, défend sa perspective et impacte les décisions, renforçant ainsi son autorité. Cette dynamique renforce ainsi une hiérarchie implicite du pouvoir par la parole et pousse certaines femmes à s’auto-censurer ou à percevoir la prise de parole comme une transgression difficile.

Les réunions sont des espaces clés où se construisent les dynamiques d’équipe et les prises de décision. Pourtant, elles peuvent aussi refléter des inégalités de parole, influencées par des biais inconscients. Pour mieux comprendre ces mécanismes, il peut être utile d’observer la fréquence des interruptions entre collègues et d’identifier les schémas récurrents : les hommes interrompent-ils plus souvent les femmes ? Qui monopolise l’échange ou se passe la parole entre membres du même groupe ? Quels propos sont minimisés, discrédités par des soupirs ou ignorés ?

Une fois ces comportements repérés, il est possible de mettre en place des bonnes pratiques pour garantir une répartition plus équilibrée du temps de parole. Parmi les actions à adopter :

  • rappeler explicitement la règle du non-interruption,
  • redonner la parole à la personne coupée,
  • gérer des tours de parole avec des repères visuels,
  • encourager un langage inclusif,
  • et veiller à ce que les tâches comme la prise de notes ne soient pas systématiquement attribuées aux femmes, ce qui les empêche d’intervenir pleinement dans les discussions.

Encourager une répartition plus équitable du temps de parole en réunion et instaurer des mécanismes de régulation, comme les tours de parole ou la vigilance face aux interruptions, sont des leviers efficaces pour garantir à chacun·e une expression respectée et valorisée.


1. Christopher Karpowitz, Tali Mendelberg &Lee Shaker, “Gender inequality in deliberative participation”, American Political Science Review, vol. 106, n°3, 2012, pp.533-547

Les stéréotypes de genre influencent profondément les choix professionnels, non seulement par la manière dont les métiers sont perçus, mais aussi par les freins invisibles qu’ils imposent aux individus. Dès le plus jeune âge, la socialisation genrée oriente les aspirations et limite les projections.  Quand les figures de référence restent majoritairement des hommes, cela influence les choix de carrière, limite l’identification et freine l’entrée des femmes dans ces domaines.

Le manque de modèles féminins dans les secteurs masculinisés (technologie, finance, industrie…) renforce la ségrégation horizontale et ne se limite donc pas qu’à un problème de représentation : il joue un rôle direct dans l’auto-censure des femmes, qui peuvent hésiter à se former ou à postuler dans ces domaines, faute de se sentir légitimes.

En effet, lorsqu'un groupe d’appartenance (sexe, classe, origine, confession religieuse, etc.) ne voient pas d’autres membres de ce groupe réussir dans ces secteurs, les personnes peuvent intérioriser l’idée qu’elles ne sont pas faites pour ces métiers, ou qu’elles devront faire face à des obstacles insurmontables. Ce phénomène contribue à maintenir une ségrégation professionnelle, où certains secteurs restent largement dominés par les hommes et d’autres par les femmes tel que les métiers du care.

Pour changer les perceptions et ouvrir ces secteurs à plus de diversité, il est essentiel d’intégrer des représentations plus inclusives dans les outils de communication. Mettre en avant des travailleuses et des leaders féminines dans les supports internes et externes, adopter un langage inclusif et éviter les formulations genrées contribuent à déconstruire les biais qui freinent la mixité.

Par ailleurs, encourager le mentorat et la mise en avant des modèles féminins est une mesure concrète pour inspirer et soutenir les parcours professionnels des femmes. Offrir des espaces de partage et de mentorat permet de renforcer leur visibilité et leur engagement, ouvrant la voie à une transformation plus durable.